Philippe Agostini, séries et reprises

Que cela s’obstine on ne fait que le constater. Et chaque fois. Parce que rien ne se résout. Rien ne se dénoue. Rien n’éclate vraiment ou ne se livre. On en reste à cette insistance des formes, des arrangements. Cette butée du regard incapable de saisir. Ce qui dans la beauté fascine et désespère. On portait l’oiseau qu’on avait décoché des cieux, à pleine bouche on en mangeait le vol et l’œil qu’on glissait dans la gorge c’était pour incorporer sa vue. Mais on ne mange pas un tableau, on ne mange pas une image. On essaie par la main, la reprise du geste de tenir la place d’un autre ou de le continuer, de s’assimiler, de saisir ce qu’il a fait advenir. On essaie de faire glisser en soi ce qui nous trouble ou se frotte à notre désir. Et peut-être est-ce de lui seulement qu’on réclame les contours, les aspérités, les plis, les tournures agissantes. On voudrait marcher dedans, en traverser le jeu, le faisceau d’influences. C’est peut-être autre chose qui advient. On était parti trouver les Indes, on fabrique des indiens.

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