On reconnaît la qualité d’une édition au nombre de titre que l’on convoite, aux parutions que l’on guète. Et encore à la qualité graphique de ses ouvrages. Cela reste vrai quand il s’agit d’édition numérique. D’abord du fond varié que l’on feuillette avec la sensation que pour chacun des auteurs la littérature est une exigence, une avancée sur des terrains curieux ; au sens fort, une aventure. Et aussi de l’ergonomie du livre promis à des lectures variées (lecture en ligne, pdf, lectrice portable etc.) et donc conçu, développé en conséquence. De plus en plus souvent on découvre des textes que les impératifs commerciaux de l’édition papier interdisent à la publication. Des textes risqués, tentant des langages, des textes qui sont des formes en soi façonnés comme nous autres plasticiens soumettons à l’espace des œuvres tenant sur elles mêmes. Je veux dire comme nous tentons de créer des œuvres qui affrontent et révèlent l’espace dans lequel elles s’inscrivent. Des textes rares qui s’imposent à votre chevet numérique (puisque l’on parle de veille numérique). Des textes qui se proposent encore d’être l’expérience spéciale d’une réalité qui toujours les précède mais qu’ils enrichissent singulièrement – à laquelle ils ajoutent.
9’32/Pollock
Et là il y’a 9’32/Pollock. Armand Dupuy. Editions publie.net. Pollock jusque au bout pour l’atteindre dans la fiction concrète qu’il représente, pour taire en soi son obsession. Pollock d’un seul trait par toues les énigmes qu’il convoque, quand bien même ce serait Pollock qui verse sa grole et qu’on y verrait mal l’objet qui en tombe. Pollock comme la fiction qu’il advient lorsqu’on s’atèle à le dire. Comme l’objet d’un mouvement : Tout ce qui le traverse, Pollock, pour nous atteindre, nous. Le vertige Pollock. Et peut-être comment nous nous atteignons par Pollock, figure et énigme. Pendant quelque 70 pages nous tournons dans cette cage où Pollock s’acharne à s’échapper, à tomber en lui-même. Et la langue d’Armand Dupuy se fait haletante, tourne sur elle même, bute à ce réel fuyant dans la fiction, tresse Pollock comme il apparaît dans le film de Hans Namuth, silhouette sur fond jaune, pas chassés, clop au bec qui touille des pots.
je vois donc que nous avons eu même forte sensation en lisant ce texte… que ce foutu Armand ne voulait pas faire sortir de son tiroir :))
Bonne chose de lui avoir forcé la main.
ça je confirme!
Pollock est le peintre par excellence que l’on ne devrait que regarder. Un texte sur sa peinture est un texte sur un regard, 1, cela a sa raison d’être, c’est une valeur ajoutée.