Au-delà du regard, par Elisa Farran in Paysages, Entre représentation et imaginaire.
Le paysage s’invente, se construit, se politise, devient un lieu du langage et finit par interroger la peinture même. Nombre d’artistes sont entrés dans cette discussion. Ainsi Gilles Aillaud qui, en peignant des animaux enfermés dans des zoos ou bien des paysages, cherche à exprimer la nature profonde de la peinture. Jouant sur l’apparition et la disparition des animaux (rhinocéros) ou sur les formes du paysage (rochers) cohabitant dans la nature, il pousse le regardeur à se demander ce qu’une image donne à voir.
Faire avec les moyens du bord est une des injonctions auxquelles se soumet Pierre Buraglio. Réduites à l’essentiel, ces moyens aident à faire surgir un paysage dépouillé de toute interprétation métaphorique, le ramenant à ce qu’il est réellement : un objet peinture. Jérémy Liron, né en 1980, s’est lui aussi confronté à cette interrogation. Il peint des paysages anonymes et vides faits d’éléments d’architecture et de végétation et échappe à la monotonie en expérimentant par la matière peinture la présence du regard.