Armand Dupuy « lecteur » de Jérémy Liron, par Jean-Paul Gavard-Perret, in le salon littéraire, février 2020.
Un tel travail critique permet de revisiter de manière exhaustive l’œuvre de Liron en remontant jusqu’à l’enfance de l’artiste, ses apprentissages, ses goûts artistiques et littéraires (Le Corbusier, Bioy Casares), ses manies de collectionneur, etc.
Pour l’illustrer Dupuy non seulement «met le paquet» mais aussi de la magie dans les motifs qu’il explore chez Liron. Le travail du plasticien se structure dans la prédiction mallarméenne qui donne à l’art tout son sens : rien n’aura lieu que le lieu.
Cassant le chaos par ses « géométries » Liron immobilise ce qui devient une suite de moments à travers des surfaces qui se transforment en corpus d’interrogations. Dans la seconde partie du livre l’artiste s’en explique à travers des entretiens avec l’auteur, avec Philippe Agostini, Gilles Altieri et Léa Bismuth.
Liron précise la manière de «considérer» ses tableaux, d’en pénétrer ses cavités et les quartiers de couleurs. Ce livre est donc autant une venue de lumière que son ruissellement. Le regard s’emplit de ce déversement guidé en un suspens filtré et dirigé par l’auteur et l’artiste comme ce dernier le fait dans les pans de son œuvre.
Face à la compacité et l’opacité du réel l’être, Liron dérobe avec la même ambiguïté qu’une femme le fait en « fuyant » dans sa nudité. Le tout en créant des appels d’air – par effet de grillages par exemple. L’œuvre fait saillir l’entre-deux par où ça passe là où un réel désir n’est plus en sommeil. La fragmentation (qui ne nie pas pour autant l’unité) permet la transgression de la frontière de la peinture mais à l’intérieure du cadre et non en dehors comme le pratique tant de farceurs.