2018 – Fenêtre sur paysage : le match Truphémus-Liron, par Fabien Giacomelli, in Le progrès, avril 2018.
Le musée Paul Dini rend hommage au peintre lyonnais Jacques Truphémus, disparu il y a six mois, en confrontant son œuvre à celle du jeune peintre Jérémy Liron, sous le signe du silence et du paysage.
Quand Jacques Truphémus (1922-2017) peignait, au début des années 1970 ses premiers intérieurs de cafés lyonnais, Jérémy Liron n’était pas encore né (il est né à Marseille en 1980 et réside aujourd’hui à Lyon) ! Aujourd’hui, le musée Paul Dini réunit ces deux peintres, de générations différentes, autour du thème de la fenêtre, la » veduta » (la vue sur l’extérieur), du paysage et des rapports ambigus entre intérieur et extérieur. De son voyage au Japon à ses séjours estivaux dans les Cévennes, en passant par ses déambulations lyonnaises, Jacques Truphémus n’a cessé de capter sur ses toiles des atmosphères lumineuses, des jeux vibrants de matières, engloutissant et défaisant la géométrie trop abstraite pour lui de la perspective. Jérémy Liron, quant à lui, travaille depuis plusieurs années à des séries de paysages. » Je prends régulièrement des photographies lors de déplacements ou des trajets quotidiens, et ensuite, à l’atelier, je les retravaille et je les recompose sur mes toiles, j’ajoute certains éléments, je change certaines couleurs…. « , nous indique l’artiste. Comme son ainé, le jeune peintre lyonnais dialogue avec la tradition artistique du paysage, s’interroge sur l’espace, et propose au spectateur un » milieu visible » à la fois à expérimenter avec ses sens et à contempler. » Dans mes tableaux, il n’y a pas de présence humaine, mails ils renvoient à l’humain à travers l’architecture et les interventions de l’homme. Il n’y a pas non plus d’anecdote ni d’histoire, au profit plûtot d’une contemplation du temps et de l’espace « . Dans cette exposition, rassemblant deux belles œuvres aux styles très différents, ce sont les » silences de la peinture » qui règnent, convainquent et nous emportent.