2017 -Voleur de feu N°8, Jos Roy et Jérémy Liron, par Dominique Doudousite Jaques Louvain 30 oct 2017.
La poésie de Jos Roy, on ne sait pas de quel temps elle vient. Est-elle seulement humaine ? Ou, plutôt, pourrait-elle être autre chose qu’humaine ? Les amateurs de littérature spéculative y verront qui sait de l’heroic fantasy pré ou post civilisationnelle. Sur fond sans fond de space opera.
« des poches des tuyaux des fibres
des empiècements des bras des langues
toute chose informelle & céleste
des cendres bleues
sur le front les signes d’un empire de métal »
Les espaces dansent sont une invitation à la haute solitude des confins sans rivage. Clin d’oeil à Oscar Wilde, aucun abordage donc aucune utopie n’y seront jamais possibles. La ruine et la rouille règnent dans des friches où l’humain lui-même est un déchet. Cette poésie implacablement froide dans l’empêchement du réel emprunte parfois, en des vers heurtés comme des plissements telluriques, au lexique de la mystique : Enfer, Paradis, arche, sphère céleste, divinations, incréé, origine, éternité, déluge, Ange…
La question des traces, de ce qui reste ou ne reste pas, adressée aux » pauvres humains qui après nous vivez » peut faire penser à l’univers poétique de Françoise Hàn. Les commencements et les fins constituent une argile qu’on n’a pas fini de pétrir.
Cet ensemble est accompagné par des oeuvres sur papier de Jérémy Liron, magnifiquement reproduites. Elles montrent des fragments, des brisures de paysages intérieurs et extérieurs qu’on aura bien du mal à reconstituer. Elles disent l’indépassable énigme de notre condition d’être vivant, en des réalités qui s’emboîtent de travers et forcément trébuchent.