2017 – La magie de la peinture excède sa technique, par Vincent Delaury in L’œil février 2017.
S’ils sont souvent gourmands de pratiques, combines et autres ficelles, les peintres actuels savent très bien que la maîtrise technique ne fait pas l’artiste et que « l’expressionnisme des moyens », dixit Denis Laget, n’est aucunement un gage de réussite plastique. En art, quantité n’est pas qualité, et l’esbroufe est un danger. La peinture, si elle nécessite une maîtrise des techniques, est avant tout façon de voir ; un large éventail de moyens techniques digérés n’étant qu’un viatique pour laisser libre cours à son imaginaire et à a perception du monde en vue d’affirmer pleinement sa personnalité artistique.
« Je me méfie, précise Jérémy Liron, des trucs ou des recettes, des procédés. A chaque fois que l’on s’approche d’un chef d’œuvre, d’une œuvre d’une puissance hypnotique singulière et qu’on l’observe en essayant de percer le secret de cette réussite, on se retrouve démuni, parce qu’il n’y a concrètement que des choses familières, simples, ordinaires : l’alchimie réalisée échappe à la simple somme des gestes techniques identifiables. » Et Martin Bruneau, praticien expérimenté s’abreuvant de différentes traditions picturales, d’ajouter : « Je souhaite obtenir avec les moyens de la peinture plus que la somme de ses composants (pigments, toile, liant, sujet, etc.). Avec acharnement. Ce que Gerhard Richter nomme la « transformation », cette alchimie où il se passe un truc sur une toile qui dépasse le prévisible, nous dépasse. »