2015 – Revue l’atelier contemporain, par Antoine Emaz in revue N47
Cette revue est relativement récente, puisque le premier numéro date de l’été 2013, et le second du printemps 2014. Sans être luxueuse, c’est une très belle réalisation avec beaucoup de reproductions en couleurs pour chaque peintre évoqué. Il s’agit de proposer une alchimie particulière entre littérature et peinture, tout en donnant clairement la priorité à cette dernière. Les deux enquêtes présentes dans ces premiers numéros témoignent de la volonté de proposer des ponts entre écrire et peindre. La première, « Pourquoi écrivez-vous sur l’art ? », s’adresse aux écrivains : on trouve les réponses de J. Bastard, P. Bergounioux, L. Bourg, M. Cohen, L. Degroote, J. Frémon, E. Pessan, J. Sacré, J.C. Schneider, F. Venaille… La seconde renverse en quelque sorte la question posée, et s’adresse aux peintres : « Que lisez-vous ? ». Et ils nous font passer dans leurs bibliothèques : entre autre, B. Constans, D. Deroubaix, G. du Bouchet, J. Le Gac, J.L. Parant, S. Plagnol, M. Potage ; D. Schlier, G. Titus-Carmel…
Le corps du numéro est constitué par des dossiers sur des artistes, tous contemporains. Dans le n°1 : Monique Tello, Alexandre Hollan, Ann Loubert, François Dilasser… Dans le n°2 : Clémentine Margheriti, Jérémy Liron, G. Titus-Carmel… Chaque dossier court sur une trentaine de pages, avec une vingtaine de reproductions en couleurs. Les textes d’accompagnement sont signés par des écrivains proches de l’artiste, ou par un autre artiste, ou par l’artiste lui-même. Dans ce dernier cas, il y a de vraiment bonnes surprises comme le journal d’Ann Loubert, les carnets de Hollan, ou les deux textes réflexifs de Liron sur le regard et la fragmentation.
Cette façon de donner toute la place aux peintres et aux écrivains plutôt qu’aux critiques d’art patentés est un pari original et pleinement réussi dans ces premiers numéros. On retient aussi l’ambition du projet : chaque livraison fait à peu près 250 pages, les reproductions d’œuvres sont nombreuses, le format de 20×16 permet une mise en pages inventive par colonnes, à la fois élégante et très lisible… et l’abonnement annuel de 40€ est modique au vu de la qualité du résultat.