2011 – Les paysages urbains de Jérémy Liron, par Jacqueline Cnoblochin Var Matin.
Par l’art viennent au monde des objets qui n’existaient pas jusqu’alors. Cet art apparait dans un contexte social, sans être pour autant le produit des forces sociales combinées. « Mon travail n’est pas sociologique », se défend ainsi Jérémy Liron, qui est exposé jusqu’au 13 mars à l’hôtel des Arts de Toulon. Jérémy Liron ne veut pas raconter une histoire, mais « poser un objet qui a la capacité de se percevoir dans le monde et de dépasser le temps présent ». Il se trouve que ce jeune homme peint des immeubles. Des HLM, des villas de la côte, des bâtiments oblitérés de toute présence humaine : ce sont des paysages urbains. Il confronte la réalité d’un environnement très quotidien à des surfaces planes, des lignes architecturales, un dégradé si subtil qu’il en devient presque monochrome. Pourtant sa peinture n’est pas déshumanisée : la vie est à l’intérieur de ces formes rectilignes. La contemplation renvoie à une solitude habitée, paisible et régénératrice. A soi-même, en clair. Jérémy Liron créé un monde artificiel, résurgence de la mémoire des images citadines qui ont baigné son enfance : né à Marseille, l’artiste a vécu à Toulon et y a étudié aux beaux-arts. Sa démarche est particulièrement émouvante. Âgé de 30 ans à peine, il s’est immergé très tôt, et presque par hasard, dans l’art et dans les lettres, avec une détermination peu commune. A 14 ans, il dévorait les revues d’art et fréquentait les galeries locales. Après les beaux-arts de Toulon, il a voulu se former à l’Ecole nationale d’art de Paris et s’est inscrit dans un atelier pour « apprendre à faire tenir les choses dans l’espace ». Entre-temps, il a multiplié les expériences visuelles (lectures, films, vidéos) et dévoré tous azimuts les expos, galeries, librairies et musées de la capitale. En pratiquant toutes les techniques, du broyage des pigments au recadrage de photo-croquis sur ordinateur, en passant par el montage cinématographique, Jérémy Liron a investi l’art à travers toute son histoire.